Article de Prescillia Hagnere.
« Contrairement à l’illusion induite par nos robinets, cet or bleu n’est pas infini. La seule question qui reste est donc : comment choisissons-nous de partager cette ressource ? »
L’émission, # data gueule, voit le jour en juin 2014. Son principe est simple : démêler des faits de société en s’appuyant sur des chiffres pour nous permettre de comprendre leurs enjeux et leurs complexités. Dans cet épisode intitulé « Eau rage, eau des espoirs », l’émission s’attache à comprendre notre rapport à l’eau et à sa gestion dans le monde.
Quelques chiffres clés issus de ce documentaire :
- En France en 1975 un habitant consomme en moyenne 106 litres d’eau par jour contre 200 litres par jour aujourd’hui.
- 3,5 milliards de personnes soit environ 47 % de la population mondiale boivent de l’eau dangereuse pour leur santé faute de moyen d’assainissement de l’eau.
- Les maladies hydriques, liées à un manque de traitement de l’eau sont la première cause de mortalité dans le monde (choléra, diarrhée…).
- Le marché du dessalement de l’eau prévoit une croissance de 10 % par an du marché.
- 80% des eaux usées ne sont ni collectées, ni traitées.
- L’épuisement des nappes phréatiques amplifie le risque de séisme.
- Cela fait plus de 30 ans que les eaux de nos territoires sont principalement gérées par des acteurs privés mais depuis 15 ans une nouvelle tendance émerge, 180 villes et communautés dans 35 pays ont décidé de revenir à une gestion publique de l’eau.
De façon ludique, dynamique et accessible, l’émission nous apporte une vision complète de la situation actuelle de l’eau dans le monde. Une vision qui semble bien éloignée de la nôtre lorsque nous n’avons qu’à ouvrir nos robinets pour obtenir ce précieux liquide.
Mais la réalité à l’échelle mondiale est bien plus complexe, ce que démontrent ces chiffres alarmants, pour certains méconnus. L’eau douce et potable ne correspond qu’à 0,007 % de la masse terrestre. Une ressource rare que nous gaspillons puisque 80% de nos eaux usées ne sont ni collectées ni traitées. Nous consommons de plus en plus d’eau pour nos besoins quotidiens. De l’eau physique ou virtuelle suivant nos choix de consommation qui entraînent obligatoirement une récupération et un traitement de cette eau désormais polluée.
Catherine Carré, géographe et enseignante chercheur à l’université Paris I, nous invite à réfléchir à notre gestion française de l’eau qui pollue et traite l’eau dans une boucle infinie. Elle nous propose de sortir d’une logique « curative » pour se tourner vers une logique « préventive ».
Cette vidéo remet en cause nos choix de vie et de consommateurs dominés par le marketing et les habitudes. Des entreprises privées, implantées dans des pays à la législation peu humaniste ou déficiente, en pompent les nappes phréatiques pour fabriquer leur produit et les exporter au détriment d’une population qui peine à avoir accès à l’eau. L’exemple de Coca-Cola au Mexique est particulièrement frappant et choquant, dans ce pays où les enfants ont plus facilement accès au célèbre et controversé soda qu’à une eau potable indispensable à une croissance saine.
Une dizaine de minutes pour comprendre les enjeux et les complexités liés à l’eau. Une dizaine de minutes pour entrevoir la possibilité de réformer notre gestion et notre philosophie autours de cette ressource.