Cet après-midi de 1er avril est taquin, entre soleil et pluie, fraîcheur printanière et brusques giboulées. Lors d’une visite découverte au Haras de la Vallée* où de jeunes écuyères adolescentes tressaient la crinière de leurs chevaux pour le concours à venir, sous le regard attentif de leurs parents et de Jean-Baptiste, le maître des lieux, j’échangeais quelques œillades complices avec un bel et jeune équidé, la prunelle pleine de clairvoyance, à l’élégance aquatique du Nokken, l’étalon blanc, « cheval des ruisseaux » de Norvège. « Es-tu le cheval ondin, le protecteur de la Cisse ? » lui demandais-je. Sous les cils de neige, le regard conte l’éternité, le cycle de renaissance, ce nouvel Eden à venir, à moins qu’il ne se moque en taquinant mon imaginaire.
Soudain la pluie s’invita en une brusque ondée vivifiante, caressant le dos des poneys et des enfants, en amie curieuse, me ramenant à la réalité du lieu accueillant, à moins qu’elle ne taquine ma vitalité.
L’envie me prit de poursuivre ce bel après-midi par une promenade rêveuse à travers une ancienne anthologie des poètes du XIXe siècle, en savourant un breuvage délicat et subtil, « Les Rives du St Laurent », Thés Christine Dattner** oblige. J’ouvris au hasard mon livre lequel se révéla tout aussi taquin en m’offrant ce poème que je partage avec vous et ma sœur la pluie.
« Ma sœur la Pluie,
La belle et tiède pluie d’été,
Doucement vole, doucement fuit,
A travers les airs mouillés.
Tout son collier de blanches perles
Dans le ciel bleu s’est délié.
Chantez les merles,
Dansez les pies !
Parmi les branches qu’elle plie,
Dansez les fleurs, chantez les nids ;
Tout ce qui vient du ciel est béni.
De ma bouche elle approche
Ses lèvres humides de fraises des bois,
Rit et me touche,
Partout à la fois,
De ses milliers de petits doigts.
Sur des tapis de fleurs sonores,
De l’aurore jusqu’au soir,
Et du soir jusqu’à l’aurore,
Elle pleut et pleut encore,
Autant qu’elle peut pleuvoir.
Puis, vient le soleil qui essuie,
De ses cheveux d’or,
Les pieds de la Pluie. »
« La Chanson d’Eve » Charles van Lerberghe (1861-1907)
*Haras de la Vallée – Chemin des Crocs de Chèvres 41190 Orchaise Valencisse. Un lieu convivial et amical à découvrir, où les chevaux sont des princes. Une vue étonnante sur le village d’Orchaise.
** Thés Christine Dattner Paris. Christine Dattner est une passionnée de thés depuis toujours. Elle sélectionne les meilleurs jardins et de grands crus originaux pour ses créations et votre plus grand plaisir.
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