Une forme artistique réussit, année après année, à affirmer sa légitimité auprès des autres arts : le jeu vidéo ! Une œuvre collaborative qui s’inspire des autres modes d’expression. Le jeu vidéo Heavy Rain, par exemple, se nourrit très largement des codes cinématographiques.
Progressivement, les musées s’emparent de cette nouvelle forme. C’est le cas notamment du Musée Art Ludique à Paris qui a accueilli du 25 septembre au 6 mars 2016 l’exposition « L’art dans les jeux vidéos ». Une exposition qualifiée d’art contemporain permettant aux spectateurs de découvrir les aquarelles, les moulages, les peintures… qui ont été réalisés dans le cadre de la conception du jeu. Voici des images et témoignages de cette belle initiative :
A New York, le Musée d’Art Moderne a fait l’acquisition en 2013 de 14 jeux vidéos tout en espérant pouvoir en accueillir d’autres. Malgré une pratique très largement populaire et un engouement qui ne cesse de croître, le sujet est polémique et les arguments avancés sont variés. Pour cause, la définition de l’art est propre à chacun.
Et la place de l’eau dans ces univers ? Tantôt alliée, tantôt ennemie, ou simple élément décoratif, elle n’est pas oubliée. Elle est le sujet central de certains jeux comme « Abzü », réalisé par le directeur artistique Matt Nava, qui nous offre une plongée contemplative au cœur de l’océan qui selon Le Monde, « a le même effet qu’une boule déstressante ». Matt Nava explique dans un article publié dans 20minutes, que le nom du jeu est l’alliance de deux anciens mots issus de la mythologie babylonienne, Ab signifiant « Océan » et « Zü » évoquant la recherche de connaissance. Abzû peut donc se comprendre comme un « océan de sagesse » ; cette expérience méditative permet de découvrir plus de 200 espèces marines, coraux, poissons, plantes dans leur écosystème. Si l’artiste Zaria Forman nous invite à découvrir la sensation face à un iceberg, Matt Nava, dans un tout autre registre, nous propose de nager avec les baleines, requins ou dauphins.
La question de l’évolution de la modélisation de l’eau est intéressante. Pour résumer de façon concise, faute d’appareils performant, l’eau à pendant longtemps était représentée à son strict minimum. La reproduire de façon réaliste nécessitait de maîtriser et de pouvoir appliquer de façon graphique les différents comportements physiques de la lumière sur cette dernière : réfraction, réflexion, absorption. Choisir de représenter l’eau à son strict minimum peut aussi être un choix artistique affirmé. Pour approfondir cette question de façon plus technique, je vous invite à découvrir cette vidéo très complète sur le sujet !
Œuvre d’art ou non, le jeux vidéo séduit. En 2015 selon le CNC, 73,3% des français sont joueurs et 32,7%, le sont aussi de façon mobile (dans les transports, à l’extérieur, sur les lieux de travail ou à l’école, durant des longs trajets ). Le format application mobile que l’on voit se développer paraît donc tout à fait adapté et les « serious game » n’ont pas hésité à s’en emparer. Les « serious games » sont des jeux ludiques qui ont pour volonté de sensibiliser à une cause précise. Les thématiques sont variées : Santé, sciences, société, environnement… En mai 2009, Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État à la prospective et au développement de l’Économie numérique a participé à l’émergence de ce secteur par le lancement du premier appel à projets « serious game ».
Dans mon précédent article, j’évoquais mes échanges avec les créatifs Fanny et Vincent (Futuravapeur) concernant leur collaboration sur le serious game « IAO », un jeu qui veut apprendre aux joueurs à préserver l’eau. « IAO » n’est cependant pas le premier « serious game » à s’emparer d’une problématique environnementale.
En 2014, en réaction à l’inondation connue en Thaïlande ayant fait environ 800 morts dont une centaine d’enfants, l’ONU met à disposition dans le pays le jeu « Sai Fah ». Disponible sur Androïd et tablette, l’objectif et d’apprendre aux enfants à avoir les bons gestes pour survivre en cas d’inondation. Le succès est immédiat.
Autre exemple, « Ice Flows, sauvons l’antarctique », avec à l’initiative de ce projet la scientifique Anne Le Brocq. Comme son nom l’indique, le jeu vise à faire prendre conscience du fonctionnement de la banquise et de l’impact du réchauffement climatique sur cette dernière. Pour se faire, les héros de ce « serious game » sont 3 manchots dont vous devez assurer la survie dans ce monde en proie aux changements.
Nous pourrions aussi évoquer « Harpooned » ayant pour sujet la chasse des baleines par les japonais, bien qu’elles soient reconnues comme une espèce protégée. Le jeu, quelque peu « gore », critique un non-regard sur la situation. Alors que leur chasse est interdite, le Japon organise des expéditions scientifiques visant à « étudier ces mammifères », mais la réalité est toute autre. Vous vous retrouvez donc dans la peau d’un scientifique japonais qui doit tuer des baleines et ramasser leur viande tout en restant attentif aux glaciers ainsi qu’au activistes qui voguent sur ce même océan.
En 2013, Eau de Paris met à disposition le jeu « les maîtres de l’eau ». Le joueur a 6 missions à réaliser qui lui permettront de comprendre les différentes étapes du parcours de l’eau à Paris.
Le « serious game » se révèle être, au fil des années, une solution ludique pour sensibiliser petits et grands à la problématique de l’eau dans le monde et à l’environnement.