Lors de la première édition du Festival H²O, en juillet 2016, nous avions programmé le film « Underwatersculptures » de Jason de Caires Taylor, sculpteur, plongeur et photographe reconnu dans le monde entier pur son travail en corrélation avec les milieux sous-marins.
Depuis cet artiste, investi dans la sauvegarde de l’environnement et des océans, a ouvert son troisième musée sous-marin dans les eaux de l’Atlantique, près de l’île de Lanzarote, à 12 mètres de profondeur.
L’inauguration s’est faite en janvier, et est passé inaperçue dans la tourmente française des primaires.
Alors que l’on découvre que l’environnement n’est qu’au 17e rang des préoccupations des français, que de plus en plus de politiques réfutent le réchauffement climatique, et que nos pays voient la tentation du repli sur soi, la haine de l’autre grandir, Jason de Caires Taylor poursuit son combat pour un monde plus respectueux de la nature et des hommes.
Museo Atlantico nous invite en plongée à découvrir un vaste récif artificiel, un monde parallèle de sculptures humaines allant par groupes. Vers quelle destinée ? A nous de comprendre et choisir…
Là, « Le passage du Rubicon » : 35 personnes se dirigeant vers un mur et une porte ouvrant sur l’Atlantique : une référence à l’absurde, puisque l’eau ne s’arrête pas aux frontières, l’eau ne s’emprisonne pas, éternelle voyageuse, ou un appel à l’espoir de franchir, vaincre les murs sans cesse érigés par nos peurs et nos égoïsmes ?
Ici des sculptures hybrides, symbolisant l’appartenance de l’humain à la nature, cette fusion éternelle que nous ne pouvons impunément rejeter.
Puis le radeau de Lampedusa, en hommage aux migrants morts pendant les traversées, un thème récurrent de l’artiste.
Ou encore cette « Gyre » humaine, faite de corps abandonnés, dépouillés, entassés les uns sur les autres, comme en un immense bûcher, mais servant de récif habitable pour les espèces marines.
Car le travail de l’artiste ne s’arrête pas à ce regard sur notre civilisation. Ces sculptures, moulées sur le corps des habitants de Lanzarote, sont ensuite réalisées dans des matériaux au PH neutre, permettant la régénérescence du corail. Ces récifs artificiels attirent toutes sortes d’espèces marines, poissons, algues, éponges… permettant de recréer un écosystème et de le protéger. Au fil des années, les formes humaines vont muer, envahies par la flore et la faune marine, concrétisant la parenté de l’humanité et de la nature.
Les océans du monde entier sont en danger, pollués par des milliards de tonnes de déchets, des associations et ONG se battent – contre vents et marées – pour nous en faire prendre conscience (Tara Expéditions, 7e Continent, etc…). Le travail de Jason de Caires Taylor touche notre sensibilité, nos émotions et notre raison, par une approche aussi artistique qu’environnementale. La poésie de ses installations va chercher au plus profond de notre moi intime cette part enfouie de nos racines, nos liens avec notre mère Nature. Ainsi la conscience s’éveille…
Oui, la culture est à l’esprit ce que l’eau est à notre planète !
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