Un atelier d’écriture animé par l’auteur Anna De Sandre.

Ce samedi 10 juin, au moulin d’Arrivay, suite à la lecture d’Anna de Sandre, les festivaliers ont pu participer à un atelier d’écriture animé par l’auteur. Disposant de 20 minutes, ils devaient rédiger un court texte ayant pour thématique l’eau et un sujet devait être identifiable.

Le temps écoulé, les écrits furent lus à voix haute par chaque participant et Anna De Sandre a alors entrepris de les analyser afin de révéler à son auteur les caractéristiques de son écriture : à quel mouvement littéraire ce texte peut-il se rattacher ? Parmi les cinq sens, lequel est ici dominant ? La place de la description est-elle importante ? Etc.

Voici les courtes nouvelles issues de cet atelier :

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« Driss s’approche de la rivière, presque avec timidité. Il écoute ces drôles de bruits inconnus pour lui. Des cris qui s’échappent de l’eau comme pour se moquer de lui, comme un rire dégréné… Soudain deux yeux le regardent. Il fait appel à sa mémoire, cela ressemble à un animal qu’il a vu dans un livre. Ah oui, cela lui revient… Une grenouille ! Très fier de lui, il s’enhardit et met un pied dans l’eau pour la regarder. Plouf elle disparaît. Il rit en regardant cette eau qui coule en chantant sur les cailloux ronds. Dans son bloc d’HLM, il n’avait jamais remarqué à quel point le ciel pouvait être beau parsemé de nuages qui font la course. Là il les voit se refléter dans l’eau, c’est magnifique, au son de cette musique composée par les oiseaux. Puni, j’ai été puni et expédié à la campagne pour m’éloigner de mes « fréquentations », même si je ne connais pas trop le sens de ce mot.

Alors pourquoi si je suis puni, je me sens si heureux ? Pourquoi cette eau si claire me remplit de joie ? Je voudrais tout connaître de cet endroit, chaque fleur, chaque insecte.

Merci, je veux être puni toute ma vie. »

Claudine.


 

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« AEI eau U

Je vous parle de l’A qui voulait se baigner dans l’eau. L’A ne trouvait pas le chemin de la rivière, l’A s’arrêta près d’un arbre et attendit un passant. La chaleur de l’été, la petite mélodie du vent dans les feuilles de l’arbre l’endormit. L’A rêva qu’il voulait se baigner dans l’eau. « Euh » dit-il mais où est donc mon maillot de bain ? Je l’ai mis dans le placard du salon avec de grandes fenêtres. Les lourds rideaux louchaient le parquet luisant, la lumière extérieure passait sur les côtés, cela ajoutait cette sensation de fraîcheur intérieure, comme celle de la maison maternelle où il vécut jusqu’à la mort de ses parents. La porte claqua derrière lui, comme ci quelqu’un ou quelque chose l’avait violemment poussé.

Le bruit et la peur le réveilla, devant lui une grosse branche était tombé sur le sol. Il se leva en sursaut, son cœur s’accéléra, les jambes surtout la gauche, ne voulait pas obéir. Il se reprit, décida que le nature était trop dangereuse aujourd’hui, alors d’un pas rapide, il fit demi-tour. Une angoisse résonnait en lui, comme l’odeur d’un souvenir, … La peur disparut à la vue de sa maison. En ouvrant la porte de sa demeure, il se souvint de l’accident de son père qui mourut écraser par une pierre. L’eau, le bois, la pierre et ce cercueil dans la terre. Il avait besoin de repos, il prit un livre et le lu. »

Michel Bizieux


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« Comme chaque matin à 6 h, je promène mon chien Newton sur le chemin de halage ( près de Vifhaul ) de la Seine. Le ciel était brumeux et au loin on devinait les tours d’usines qui fumaient. A ce moment là, un héron gris prit son envol avec la beauté des méandres de la Seine. La brume d’un matin d’automne et malgré avec, au loin, la lumière des cheminées des usines. Ce moment-là, avec mon chien Newton restera dans ma mémoire. Tout comme à chaque promenade de Newton je donnais à manger aux cygnes et canards qui naviguaient sur la seine. Que pouvait penser mon chien Newton de voir son maitre jeter des biscuits et du pain à chaque promenade ? Quand je jouais avec Newton, il aimait que je lui lance une bouteille d’eau avec toujours le même rituel : il ôte le bouchon puis déchire l’étiquette et enfin démolie le plastique de cette bouteille d’eau.

Lorsque Newton revenait, il allait boire de l’eau dans sa gamelle près de son canapé. Et comme chaque fois, un périmètre de près d’un mètre carré du carrelage de notre salon était recouvert d’eau.

Depuis que Newton est parti, quand je bois de l’eau, me promène au bord de l’eau, il m’arrive souvent de penser à lui. »

Didier Bonnel

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L’écrivain en eau,

« SUE,
il cherche le mot,
a e i au u.
d’eau, l’écrit
vit. Il se dit le
début, l’eau
et le verbe. Ô début,
ô fin, que vit-on ?
J’ai goûté,
à l’eau et
depuis, je ne vis
plus, faut-il qu’un
jour, ce goutte à goutte cesse ?
Je suis eau
a e i eau U,
terre et air,
je roule et œuvre,
Reine discrète, je suis la vie, eau forte,
eau de vie. »

Bruno Leprat

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« Elle n’avait pas voulu venir. La main de sa mère serrait fermement la sienne. Ses cris de rage et ses sanglots n’avaient rien pu changer. Elle aurait préférée rester dans sa chambre continuer de jouer avec son meilleur ami. Les Kaplas empilés allaient bientôt atteindre le sommet tant attendu mais la voilà traînée de force au festival H²O par sa mère. Le regard accusateur de cette dernière et ses gros sourcils froncés réussir d’un trait sec à faire taire l’enfant. Le groupe de festivaliers s’installe, la jeune fille profite de l’inattention de sa mère pour se rapprocher de l’étang. « Il faut faire attention à l’eau, c’est précieux ! » lui rappelle sans cesse cette dernière.  » L’eau c’est un terrain de jeux, c’est pour s’amuser  » pense t-elle. La voilà qui glisse par mégarde dans le vaste terrain de jeux justement. Dans ce silence, des images. La voilà tombée dans un seau qui nourrira bientôt des fruits. La voilà salée s’égarer sur le sable d’une plage sous des rires bienveillants. La voilà se poser délicatement sur le nez d’une vieille dame.

Tout d’un coup, une main l’empoigne fermement. La voilà sortie brutalement du songe. Une étreinte qui se veut consolatrice mais elle n’a pas eu peur. Elle sait maintenant. Oui c’est précieux, partout et nécessaire. Enlacée contre la poitrine maternelle, elle contemple l’étang qui s’éloigne à chaque pas de sa mère. »

Prescillia Hagnere