Et oui, le zouave de Paris n’a jamais craint de se mouiller les guêtres et encore moins l’habit de calcaire ; mieux, le sieur Bérizot (Nérigot ou Gody)* nous concède sa vénérable personne afin de mesurer l’ampleur des crues de la Seine, lorsque notre amie H²O se laisse aller à une crise de larmes continue et mémorable, parfois induite par le comportement humain.

En janvier 1910, notre zouave avait de l’eau jusqu’au épaules – la crue atteignant la côte historique de 8,68 m – sans se départir de son fin sourire aux lèvres et de son port altier. Est-il moqueur ou narquois ? Nul ne sait, mais revenu vivant de la guerre de Crimée, ce n’est pas une crue même centennale qui va lui faire perdre pied ! Et depuis, la Seine se met en crue régulièrement, transformant le paysage de ses rives. Aujourd’hui, elle est à 5,87 m et le « 6,20 m » (mesure de 2016) serait prévu pour ce samedi ! L’évènement fascine, attire les curieux, les promeneurs et les photographes tout en compliquant la vie de nombreuses personnes et pas seulement des automobilistes.
Si vous vivez sur une péniche, vous avez été évacué aujourd’hui ou vous vivez maintenant en autarcie, coincé à bord ; les passerelles ne tiennent plus le cap et là c’est beaucoup moins drôle pour les pauvres zouaves de notre siècle. Les pompiers viennent à la rescousse de ceux qui n’ont pas d’annexe pour caboter de la rive au bateau.
L’humour est réputé pour être la politesse du désespoir, alors sourire aux lèvres. Ce que le fin sourire du zouave peut nous enseigner est la persévérance, le courage face à l’adversité. Alors trêve de plaisanterie, retroussons joyeusement nos manches pour apprendre ensemble à gérer les crues, car les solutions existent, de la gestion de l’eau et des terres à la prévention des sinistres dont nous pouvons atténuer l’impact. Et justement, ce sera dans quelques jours, le 2 février 2018, « la journée mondiale des zones humides », une journée pour découvrir comment ces espaces rendent les villes habitables.
Le terme « zone humide » n’a rien à voir avec votre cave inondée par la crue, mais définit les étangs, marais salants, tourbières, vallées alluviales, lagunes, prairies inondables… situées en zones rurales ou proches des villes. Ces zones humides ont un rôle vital : celui de réduire les effets de phénomènes extrêmes. Ce sont des éponges géantes qui absorbent les surplus d’eau pour les restituer en cas de sécheresse. A force d’urbanisation galopante et de bétonisation, les zones humides avaient reculées ou étaient détruites. Mais bonne nouvelle : ce patrimoine naturel fait l’objet d’une attention toute particulière depuis la signature le 2 février 1972 de la Convention de Ramsar. Et des zones humides peuvent également renaître dans les villes, créant des espaces de loisirs, favorisant le bien-être humain et celui de la faune, améliorant la qualité de l’air…
http://www.zones-humides.eaufrance.fr/
Et c’est le zouave qui sera content d’avoir les pieds au sec !
* les noms supposés du soldat ayant servi de modèle en 1856 au sculpteur Georges Diebolt.